Mon séjour backcountry au Yukon : Jour 2 et 3/5

assure-toi d’AVOIR lu le premier article de la randonnée avant de plonger !

JOUR 2 : DE GRIZZLY LAKE À DIVIDE LAKE – 6km – Gain en altitude 428 m (dont 300 sur 1 km accidenté)

Aujourd’hui, moins de km à faire que la veille un bon bout assez confortable nous attendait mais avant, il fallait traverser une montagne. C’est la journée que je redoutais puisque le plan nous disait difficile à extrême : il faut littéralement passer de l’autre côté comme si deux mondes se séparaient.

Voici le fameux graphique de la deuxième journée…

Voici le fameux graphique de la deuxième journée…

Ce matin-là, nous avions une vue directement sur cette fameuse montagne que nous devions absolument escalader pour accéder à la suite. La paroi visible de notre tente était légèrement gazonnée et rocheuse... un bon gain en altitude nous attendait. Nous avons donc rassemblé nos choses et nous avons quitté Grizzly Lake. Après une bonne grosse ascension, ce que l’on croyait le défi de la journée.

Finalement, je suis arrivée au sommet avant mon partenaire et j’ai pu constater le second défi qui nous attendait…

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BOUCHE BÉE

par ce que je venais de voir de l’autre côté de la montagne. Je me suis assise calmement en regardant en bas (1 811m d’altitude). À son arrivée Vincent m’a proposé de prendre une collation. Chose que nous avons fait en silence…

Devant nous, une longue descente dans un fin gravier, recouvert de roches tranchantes, nous pendait au bout du nez. C’était si à-pic nous étions terrifiés par les conditions extrêmes de cette descente, impossible de perdre pied, je pensais juste à mes 25 lb que j’avais sur le dos qui allaient me pousser vers l’avant. Après ces 10 minutes de pause, inutile de se parler, nous avons foncé la tête pleine de scénarios. Et finalement : WOW ! Incroyable, exactement ce à quoi nous ne nous attendions pas, c’était amusant - à la limite drôle - le sol absorbait nos pas, c’était une sensation de slalom en ski. Le poids de notre sac nous permettait de garder le contrôle et faisait que nos bottes étaient encore plus solides au sol. Quelle belle surprise ! Évidemment il fallait rester concentré, il fallait rester en contrôle de la descente à 100%. C’est dans ces moments qu’à mon avis, les descentes sont plus dangereuses et plus difficiles que les montées.

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REMARQUEZ BIEN SUR cette PHOTO

la zone enneigée, comme les montages sont trompeuses : nous étions convaincus d’y arriver assez rapidement. Ce que la photo et la perspective ne montre pas, c’est que nous avions une autre descente avant d’arriver à la neige, mais cette fois dans la grosse roche ce que l’on ne peut pas voir du tout dans cette photo. C’est comme si sur cette photo, le kilomètre 2 à 3 n’existait pas (voir graphique plus haut). Et si vous faites de la randonnée en montagnes, vous savez à quel point les photos ne rendent pas justice à nos anecdotes de randonneurs ! (rire)

Alors si l’on récapitule, nous avons fait une grosse montée, nous avons fait une grosse descente, ce sera de loin les 6 km les plus exigeants de notre séjour. Ah non !!! il va falloir revenir… Monter dans ce sable qui s’écroule sous nos pieds ça ne sera pas de tout repos !

Bon gardons ça pour plus tard, il faut profiter du moment présent.

Grâce à notre petit GPS, nous avons une bonne idée du chemin qu’il nous reste à faire, mais la journée commence à se faire longue physiquement et mentalement. Heureusement l’on marche dans un paysage à couper le souffle, les petits ruisseaux sont d’une pureté, nous avons bu une des meilleures eaux de notre vie cette journée-là !

Finalement après quelques heures nous arrivons à Divide Lake, un paysage totalement différent et tellement impressionnant.

J’aime tellement cette photo, elle est remplie de souvenirs. Époustouflant !

J’aime tellement cette photo, elle est remplie de souvenirs. Époustouflant !

Malheureusement, en faisant mon dernier pas dans la roche avant d’arriver au campement, je me suis versé la cheville, elle est restée prise entre deux roches. À ce moment, ça allait, nous avons monté notre tente et nous avons préparé notre souper lyophilisé.

C’est après le repas en me relevant du banc que je n’ai pas réussi à mettre le pied par terre. Une douleur si vive s’est emparée de moi, je n’étais pas à ma première blessure à vie mais cette douleur était insupportable. Les yeux plein d’eau j’ai dit à Vincent que l’allais me rendre à la tente et que j’allais me coucher. J’ai pris des anti-inflammatoires et je me suis couchée, il devait être 19h. À ce moment j’avoue que la seule chose qui m’est venue en tête c’est la remontée dans le sable que nous devrions faire 2 jours plus tard. Prise par cette pensée d’horreur, je me suis endormie après avoir prié tellement fort pour la première fois de ma vie…


JOUR 3 : DE DIVIDE LAKE À TALUS LAKE – 6km – Gain en altitude 133 m (pour un total de 12km aller-retour)

Sachant que la randonnée vers Talus Lake était facile, nous avions décidé de la faire aller-retour et de pas décamper cette journée là ce qui allait nous faire une journée plus relax sans traîner nos gros sacs. À noter que finalement une équipe a débarqué en hélicoptère ce matin-là pour préparer la fermeture du parc prévue 2 semaines plus tard afin de renouveler les bases en bois sous les tentes alors nous avons bougé nos trucs et nous avons quitté pour la randonnée.

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On se rappelle que la veille je m’étais couchée avec la cheville traversée d’une douleur plus que vive alors c’était un bon plan cette journée tranquille. À mon réveil, nous avons bandé ma cheville qui semblait aller beaucoup mieux. Sans pression, nous sommes partis comme prévu vers Talus Lake un autre endroit vraiment magnifique. Avec les bâtons de marche j’ai été prudente, le sol était beaucoup moins accidenté et pratiquement toujours plat ce qui m’a bien dégourdi.

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Nous avons pris le temps d’observer la faune, quelques Pikas nous accompagnaient pendant la randonnée. Le Pikas c’est un petit mammifère qui ressemble à un Hamster qui peut atteindre 15 cm de long. Il vit au nord et dans les zones rocheuses, il nous arrive souvent d’en voir dans l’ouest Canadien lors de nos randonnées.  Ils émettent un son assez unique un peu comme les marmottes des rocheuses que l’on a aussi croisé cette journée-là. Et finalement, il a fallu patienter jusqu’à la dernière journée du backcountry pour voir des Perdrix (lagopèdes des Saules). Elles étaient encore deux couleurs mais l’hiver elles deviennent complètement blanches. Le plus mignon c’est leurs pattes, elles sont toutes touffues comme si elles portaient des pantoufles.

Le soir de la 3ième journée, nous avons mangé un bon souper lyophilisé (je ne suis pas sarcastique, nous avons nos préférés) et évidemment joué quelques parties de UNO, le jeu classique de nos voyages. Ce soir-là, j’étais vraiment soulagée de savoir que ma cheville allait aussi bien, pas complètement solide mais j’étais beaucoup moins inquiète pour la remontée dans le sable du lendemain.  Encore aujourd’hui je ne comprends pas comment j’ai pu ressentir une douleur si forte et me rétablir aussi rapidement. Mystère !

Dans le prochain article: Jour 4 et 5 - Découvre comment s’est passé la remontée dans le sable /gravier et la fin humide de ce périple.

Daph xx